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“La troisième édition du Rendez-Vous Musical”

ClassicToulouse

Critique de Serge Chauzy

Initié en 2017 par le compositeur toulousain Vincent A. Jockin, ce nouveau mode de concert en est donc à sa troisième saison. Ce « Rendez-Vous Musical » proposait, ce 1er octobre dernier à l’auditorium Saint-Pierre des Cuisines, un nouveau programme original mis en œuvre par de grands musiciens de la région toulousaine et d’ailleurs. La soirée offrait à un public conquis par la formule, une forme originale de concert structurée comme une exposition picturale ou comme un opéra instrumental qui aborde une succession de paysages variés et attractifs.

Une multitude d’œuvres brèves sont ainsi regroupées par « tableaux » : une ouverture suivie de quatre tableaux, illustrés par des combinaisons instrumentales mouvantes, confèrent ainsi une étonnante variété aux musiques abordées. Le « matériau » instrumental mis au service de ce voyage témoigne d’une volonté certaine de varier les couleurs, les rythmes et les timbres. Toutes les courtes pièces ainsi présentées sont revisitées, ré-instrumentées par Vincent A. Jockin conférant ainsi à l’ensemble une paradoxale cohérence dans la variété.

L’ensemble instrumental à géométrie variable mis ainsi à contribution s’appuie sur une section importante de onze cordes dont les musiciens aguerris proviennent de diverses formations de renom parmi lesquelles l’Orchestre de Chambre de Toulouse, l’Orchestre de Chambre Occitania et l’Orchestre national du Capitole. Le quatuor d’instruments à vent est composé des valeurs sûres de l’ONCT, bien connues des mélomanes toulousains, que sont David Minetti, clarinette, Hugo Blacher, trompette, Benoît Hui, cor, auxquels se joint l’excellente flûtiste Alice Szymanski, professeure au Conservatoire de Toulouse. Le percussionniste Thibault Buchaillet, également membre de l’ONCT, complète cette formation originale à laquelle participe évidemment le compositeur, arrangeur, concepteur de ce rendez-vous musical et ici pianiste, Vincent A. Jockin. Précisons enfin que les titres des œuvres abordées apparaissent judicieusement sur un écran, permettant à chacun de suivre confortablement l’itinéraire ainsi parcouru.

L’Ouverture plonge l’auditoire dans le monde du cinéma, avec des partitions d’Alan Silvestri (Retour vers le futur) et John Williams (Harry Potter) entre lesquelles se glisse le mythique « Over the Rainbow » d’Harold Arlen (Le Magicien d’Oz), initié par le piano de Vincent A. Jockin.

Le premier tableau, aux accents nostalgiques, regroupe des extraits de L’Arlésienne de Georges Bizet et de la Suite Bergamasque de Claude Debussy dans lesquels la clarinette de David Minetti et la flûte d’Alice Szymanski jouent les solistes. Entre ces deux pièces la Marche funèbre du compositeur d’aujourd’hui Stéphane Delplace révèle un talent particulièrement expressif.

Le deuxième tableau s’ouvre sur une originale version d’Entr’acte de Jacques Ibert, pièce dans laquelle la flûte d’un extrême raffinement d’Alice Szymanski est ici accompagnée par un quatuor à cordes au lieu de la guitare ou de la harpe. Deux œuvres de Vincent A. Jockin complètent ce tableau. Un très émouvant trio à cordes en création mondiale, intitulé « Puer natus est nobis » (Un enfant nous est né) précède le Quintette pour clarinette et cordes « Un souffle sur nos âmes », en création française, comme un signe, une allusion à Mozart et son propre Quintette…

Les deux tableaux qui composent la seconde partie de la soirée réunissent trois autres œuvres de Vincent A. Jockin. Précédée du fameux et hypnotique Nimrod extrait des Variations Enigma de Sir Edward Elgar, la méditation de Nos âmes mortes, également en création française, est confiée à l’ensemble des cordes, alors que Farfalle (en italien, Papillons) est jouée par un savoureux duo composé de la flûte et du cor de basset (ancêtre de la clarinette basse judicieusement présenté par David Minetti). Cette pièce aérienne et souriante suit la délicieuse Eine kleine Gigue de Mozart pour la même formation.

Le fameux Andante du Concerto n° 21 pour piano et orchestre du même Mozart réunit dans une même prière l’ensemble des musiciens, Vincent Jockin tenant le piano soliste. C’est la trompette d’Hugo Blacher qui égrène avec finesse et émotion l’Aria de la Cantate BWV 208 (La Chasse) de Johann Sebastian Bach.

L’ensemble des musiciens se réunit enfin pour visiter des univers aussi variés et souriants que My favorite things, chanson composée par Richard Rogers pour The sound of music, le Tahiti Trot de Dimitri Chostakovitch (avec son évocation du fameux Tea for two). Le programme s’achève sur une nouvelle création mondiale de Vincent Jockin. La marche des petits soldats de bois réjouit l’assistance qui ne manque pas de découvrir l’allusion à peine déguisée au rythme de la caisse claire du célébrissime Boléro ! Hommage souriant au grand Ravel.

 L’enthousiasme du public suscite une pièce supplémentaire du plus argentin des Toulousains, Carlos Gardel : Por una cabeza conclut avec une bonne humeur communicative cette troisième incursion dans un nouveau mode de manifestation musicale. Rendez-vous est pris pour la quatrième édition !

 

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